jeudi 24 juillet 2014

Trafic illégal de bois de rose : à Madagascar, ce sont les journalistes qu'on enferme !

La protection du bois de rose n'est pas seulement l'affaire de l'Amazonie, mais aussi celle de Madagascar. A côté d'initiatives privées louables que nous connaissons tous, il semble hélas que les gouvernements successifs de "la Grande Ile" se transmettent des comportements de corruption pour le plus grand malheur d'espèces pourtant protégées. Jugez plutôt...

Lundi 21 juillet, Jean-Luc Rahaga, directeur de la publication du quotidien national Madagascar Matin et son rédacteur en chef, Didier Ramanoelina, ont été arrêtés à Antananarivo pour avoir publié une lettre de lecteur accusant trois ministres – dont celui des infrastructures, Rivo Rakotovao, qui a porté plainte – d'être impliqués dans le trafic de cette essence protégée inscrite à l'annexe 2 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).

Le procès s'est déroulé à huis clos mercredi. Les journalistes risquent de six mois à deux ans de prison et le journal un mois de suspension de parution. Une manifestation rassemblant une cinquantaine de journalistes a eu lieu dans la capitale et l'Alliance Voahary Gasy, qui regroupe les organisations environnementales, a apporté son soutien aux détenus. « La justice a pris une décision disproportionnée contraire au Code pénal dans lequel la détention préventive est une mesure exceptionnelle », déplore Andry Andriamanga, le porte-parole de l'Alliance joint par le journal Le Monde.

Si personne ne songe à dédouaner la presse de la responsabilité dont elle doit faire preuve lorsqu'elle met en cause des personnes en publiant leur nom, l'attitude du tribunal d'Antanarivo alimente la frustration de ceux qui espéraient que l'élection de Hery Rajaonarimampianina ouvrirait une ère nouvelle. En février, le président avait promis de « diriger personnellement le combat contre les trafics de bois de rose ». Depuis, rien ne s'est produit et plusieurs saisies réalisées à l'étranger ont confirmé l'activité persistante des réseaux mafieux qui alimentent la Chine en bois de rose, en dépit de l'embargo international adopté en juin 2013.


Pour les consommateurs de bois de rose que nous sommes, qu'il s'agisse de bois exotique ou d'huile essentielle extraite d'ailleurs du cœur du bois, une seule attitude possible : prendre conscience de l'existence de telles situations et éviter de "consommer idiot".


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